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17 juin 2006 6 17 /06 /juin /2006 15:59

Le crâne de Fédor : voilà un lieu où se rencontrent et s'entrechoquent les deux dernières grandes idéologies du monde moderne. Pour cet article en particulier, j'aimerais assez me faire appeler Elisabeth Fédorovna, parce que F. Dostoïevski fut pour moi une sorte de père spirituel. Evidemment, dans un tel cas, le parricide est sous-jacent...  Mais avant d'en arriver là, jetons un oeil dans les tréfonds de son crâne.

Fédor, comme on le sait, fut condamné à mort pour ses activités révolutionnaires, et gracié in extrémis. Cette petite "aventure" le marquera pour le restant de sa vie. Dès lors surgiront dans sa littérature d'étranges personnages, presque caricaturaux (j'ai dit presque parce qu'ils semblent très conscients de la caricature qu'ils font d'eux mêmes), abreuvés de thèses politiques d'avant garde, déchirés par leur mysticisme, défenseurs d'un relent d'ordre moral, et finissant le plus souvent au goulag, soit fous, soit suicidés.

Les héros dostoïevskiens sont souvent des jeunes hommes aux figures christiques, mêlées d'idiotisme, de démence, voire de machiavélisme. Bref, un paradoxe.

Freud a écrit : "Dans la riche personnalité de Dostoïevski, on distingue quatre aspects : l'écrivain, le névrosé, le moraliste et le pêcheur." Mais il finira sa préface en soulignant surtout l'aspect névrotique : " L'angoisse envers le père est bien trop connue pour qu'il soit nécessaire de faire plus que la mentionner". Telle est la dernière phrase de sa préface des fréres Karamazov. Il écrira en outre dans sa correspondance privée : "Je n'aime pas réellement Dostoïevski. Cela vient de ce que ma patience envers les natures pathologiques s'épuise entièrement dans l'analyse".

Mais pour moi, plutôt qu'un cas clinique, Dostoïevski est avant tout le réceptacle d'une époque charnière, époque à laquelle les croyances sont mourantes mais non pas mortes, et où l'idéologie communiste s'ammorce tout juste. C'est le temps où se combattent à mort les derniers géants de l'aliénation humaine, avant l'avénement du nihilisme, puis du cynisme ambiant.

A présent, je ne dirais pas que rien n'a de valeur, mais que tout n'existe qu'à titre spéculatif, et donc relativiste. Qui voudrait encore mourir pour une idée ? Certes, il y a bien des fanatiques, mais le terreau dont ils jaillissent (même pour ceux qui accèdent aux jouissances matérielles) est fondé sur la négation de leurs propres valeurs*; il s'agit donc plutôt d'une attaque défensive, et non pas de la survenue d'une idéologie neuve.

Non... Vraiment, non... Il n'y a guère d'âme abyssale dans la carcasse contemporaine. Les profondeurs "dostoïevskiennes" n'ont qu'un très faible écho dans nos crânes (quoiqu'il y ait beaucoup de névrosés, mais ça n'a rien à voir).

Ce qu'il y a d'admirable chez Dostoïevski, c'est qu'il croit  à chacune des idées qui le possèdent, et qu'il croit également à la nécessité de n'y plus croire, tout en se forçant encore à croire  aux démons... dont il doute...

Ce que j'écris manque t'il de clarté ? En fait, sa dualité, c'est la volonté d'illusion contre celle du néant. Enfin, je crois...

__
______________________________________________________________________________  
*Je ne sais plus du tout ce que j'ai voulu dire par là. En fait, de quel terreau jaillissent-ils? Et de quelles valeurs est il question??? Si j'arrive à m'en souvenir, il faudra préciser.

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commentaires

L
<br /> <br /> Ah oui, je me souviens... La négation de leurs valeurs : c'est à dire, la négation de l'identité ou de la vision de ceux qui deviennent les fanatiques et les révoltés d'aujourd'hui... La négation<br /> que leur renvoie l'autre (soit, la pensée dominante). Rien à voir avec la révolte de Dostoievski, donc, puisqu'il naquit malgré tout dans un milieu privilégié.<br /> <br /> <br /> Je crois que son père fut assassiné par un groupe d'esclaves mécontants, ces serfs russes...  Dostoievski portait en lui les impulsions de plusieurs "clans" antagonistes.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
(alors, ce quai branly, ça vient ? - je peux pas y aller, moi)<br /> Ce que je voulais dire par "véritable réel", c'est le champ des possibles (ça vient de Valéry, cette expression, et plein de sociologues la reprennent) ou le champ "socio-imaginal" . L'illusion, c'est d'y croire, c'est vrai probablement, mais n'est-ce pas autant s'illusionner que de croire, par exemple, "le réel" (ce qu'on l'on voit -- une connerie) ou un ensemble de signes (par exemple la mythologie mormone). C'est vrai, c'est toujours une question d'illusion, et finalement d'utopie, sinon on est désoeuvré ou on se suicide ; comme qui dirait volonté de rester intègre (c'est surtout ça, je crois) ; ce que je voulais dire, sans doute, c'est que, en particulier les deux dernières formes d'illusions mentionnées ci-dessus, sont identiques au désert, au néant (mythologie du voir et mythologie de l'écran), qui est présenté par les tenants de ces deux 'mythologies' comme le véritable réel. C'est pourquoi le "véritable réel", ce n'est pas le réel "qui est", mais le champ des possibles, et en particulier des possibles. D'après Sloterdijk, qui reprend Heidegger interprétant Nietzsche, "l'accroissement du désert" serait l'explicitation de l'humain (et du monde). Aller contre cette explicitation, ce n'est semble-t-il pas s'illusionner, parce que c'est peu dire ou ne dit rien encore, mais c'est voir de nouveaux possibles, compris évidemment comme des manières "d'être-au-monde" ou je ne sais quoi, et je crois que c'est ce qui intéressait Nietzsche et Dosto.
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E
J'ai toujours un peu de mal avec votre "champ des possibles" parce que vous semblez croire que les nouveaux chemins se créent à force de raisonnements, alors que je commence tout juste à me rendre compte qu'il s'agit d'une constante interaction entre notre optique personnelle et la réalité du moment (aussi vague ou triviale soit-elle)... Je veux parler d'un chemin qui ne se crée qu'à partir d'éléments contradictoires. Nietzsche a beaucoup parlé d'aller au delà des contradictions et d'avoir une "prédisposition au labyrinthe" pour le comprendre. Mais Dostoievski, lui n'est jamais sorti de sa dualité (à mon sens). Alors rien ne me semble plus éloigné du crâne de Nietzsche que celui de Dotoievski.<br /> Et voilà que vous me donnez des ordres ?
A
je suppose...<br /> http://sergvolant.over-blog.com/article-2967436-6.html
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E
Vous supposez ?<br /> Mais ensuite, sur votre site, vous dîtes : "Ce n'est pas une question de volonté d'illusion contre celle du néant, c'est volonté de véritable réel contre celle de néant ou de désert, contre celle d'être dernier homme; l'homme démocratique."<br /> Et après ça vous faîtes à nouveau allusion à votre fameux registre du possible et à un certain champ "socio-imaginal"... Mais le véritable réel, n'est-ce pas justement cet homme démocratique ? Ce dernier homme, minuscule et domestiqué ? Si la Nécessité n'est pas là derrière l'homme (premier ou dernier, n'importe lequel), à le pousser dans une direction, il reste la tête dans sa mangeoire, et il ne devient rien.<br /> Le nécessité (ou la volonté) c'est aussi celle de croire. Même en passant par l'illusion, et même quand ça ressemble à une fine passerelle au dessus du vide. Ca fait partie du réel (cela dit, je ne parle pas de l'auto-aliénation de ceux que font grossièrement semblant de croire à leurs petites marionnettes) .<br />