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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 15:54

      trou-nopir-NGC1365 thumb 

  Le thème du mystère primordial, de l'oubli, de l'absence, tout comme la quête du sens en général, seraient plutôt d'ordre métaphysique, mythologique ou théologique... C'est du moins ce qui semble a priori. L'homme s'absorbe dans des chimères et se questionne sur l'au-delà par crainte de la mort ou par goût de l'illusion : ceci explique cela... Mais il semblerait que ce soit également un enjeu de taille (des centaines de millions de dollars déboursés sur la question !) dans les domaines de la physique et de l'économie. Dans quel but ? -- débusquer et exploiter l'antimatière ! Il faut dire que sa maîtrise réglerait définitivement nos problèmes énergétiques (sauf que l'antimatière semble avoir disparu de l'univers)... Je ne sais plus par quel chemin j'en suis venue à m'interroger sur les antiparticules (et je suis déjà épuisée rien qu'à l'idée de me replonger dans ce cheminement mental), mais voilà le genre d'articles qui m'attirent comme un aimant depuis une demi douzaine de jours... De quoi alimenter ce blog, si sublimement déserté par l'auteur de ces lignes...

 

   Les articles qui suivent ont été récoltés sur le site du CNRS.

 

 

   Dans la soupe primordiale, les particules et leurs antiparticules se créent puis s’annihilent sans arrêt à partir de pure énergie. En quelque sorte, les unes sont un peu l’image des autres dans un miroir. Matière et antimatière étaient toutes deux présentes en quantités égales au départ. Seulement, pour une raison inconnue, la première a pris le pas sur la seconde… Celle-ci a presque disparu en raison d’une subtile différence de comportement. Comment et pourquoi ? C’est là tout un mystère à l’origine de notre existence même

Qu’est-ce que l’antimatière ?
Petite histoire d’un curieux double du monde ordinaire

L’histoire de l’antimatière a commencé en 1928, sous l’impulsion du jeune Britannique Paul Dirac (1902-1984). Jusqu’alors, pour expliquer les substances que nous, voyons, goûtons et touchons, il n’y avait besoin que d’atomes. Ceux-ci sont constitués d’électrons, protons et neutrons. Cependant, Dirac se penche sur l’équation qui régit le destin de la matière… et qui lui vaudra le prix Nobel de physique en 1932. Surprise : Cette formule «magique» se comporte de façon "symétrique". Elle prédit tout autant l’existence de l’électron que celle de l’antiélectron - le positron, doté d’une masse identique et d’une charge électrique opposée. De même, les protons sont associés à des antiprotons. Cette vision prévoit un double du monde usuel. Une copie qui lui ressemble trait pour trait. La seule différence est que l’antimonde se révèle comme le reflet dans un miroir de la population des particules ordinaires. Dans l’enthousiasme du début XXe siècle ceci découle directement de la théorie de la relativité d’Einstein et de la mécanique quantique.

La confirmation vient en 1932. Le Californien Carl Anderson repère la trace d’une particule porteuse de charge positive - l’antiélectron - dans les rayons cosmiques qui tombent du ciel et «arrosent» l’atmosphère. Cette découverte sera saluée par le Nobel 1936.
Aujourd’hui, toutes les particules élémentaires ont révélé leur «sosie». Elles s’en distinguent par les nombres quantiques dits de "charge" (électrique, baryonique, leptonique…). La masse, elle, reste inchangée. Le photon est sa propre antiparticule. Matière et antimatière ont le même nombre quantique de rotation (spin). Et la même durée de vie.

L’annihilation
Immédiatement, l’antimatière apparaît comme une source providentielle d’énergie. Elle constitue un exact opposé de la matière. À son contact, les deux se détruisent – « s’annihilent » - en libérant une puissance colossale. Ceci résulte de la fameuse équation d’équivalence masse-énergie (E=mc2) posée par Albert Einstein en 1905. D’une manière triviale, l’énergie correspond à l’argent que dépense mère nature. Il circule sous deux monnaies entre lesquelles s’applique un taux de change élevé (carré de la vitesse de la lumière). Et l’annihilation assure une conversion très efficace. Voilà pourquoi, sur le papier, la combustion d’un kilogramme de sucre peut propulser une voiture pendant 100 000 ans. Ou générer 25 milliards de kilowattheures et alimenter une ville pendant trois ans…

L’antimatière au quotidien
Avec des propriétés aussi fabuleuses, l’antimatière n’a pas tardé à stimuler les imaginations les plus folles. Et la science-fiction. Dans Star Trek, série télévisée créée en 1966 par Gene Roddenberry, le vaisseau Enterprise se propulse à des vitesses supérieures à celles de la lumière par déformation de l’espace,… puis en consommant de l’antimatière… Bien évidemment, en dépit d’essais opiniâtres, on reste loin de réaliser de tels exploits. Aux États-Unis, dans les années 80, le programme de Guerre des étoiles a étudié la possibilité d’utiliser l’antimatière comme carburant de fusées, ou pour actionner des plateformes d’armes. Heureusement, il a échoué. Mais d’autre part, des expériences plus pacifiques sont régulièrement conduites au Cern de Genève. Elles aboutissent à produire, en un an, assez d’antiprotons pour… allumer une ampoule de 100 watts pendant trois secondes. Le rendement avoisine 0,000 000 01 %. Pas de quoi pavoiser. La machine à vapeur du XIXe siècle s’avère des millions de fois plus efficace en termes de labeur.

Pour nous consoler, il reste l’application quotidienne de la Tomographie par émission de positrons (TEP). Cette technique d’imagerie médicale "photographie" le cerveau en train de penser. Un fluide radioactif est introduit dans le corps du patient. Les positrons s’annihilent avec les électrons environnants. Le résultat est une émission d’énergie gamma. Oublions, par contre, les "cerveaux positroniques", bien plus sophistiqués que ceux des humains, qui faisaient fantasmer Isaac Asimov avec le cycle des Robots dans les années 40. Réjouissons-nous, en revanche, de constater que, sans arrêt au-dessus de nos têtes, les rayons cosmiques et les explosions de supernovae créent des antiélectrons à profusion.

Antimatière, où es-tu ?
Reste un brûlant paradoxe. Comment la jolie équation de Dirac, si harmonieuse, a-t-elle abouti à un Univers aussi bancal ? Comment la matière a-t-elle pris le pas sur sa consœur-ennemie ? A l’échelle cosmique, plus une once d’antimatière ne subsiste. Sauf de rares monstruosités, telles que le voisinage du trou noir au cœur de notre galaxie, l’antimatière reste désespérément absente. C’est heureux. Mais c’est aussi un drame pour la théorie : à l’aube des temps matière et antimatière devraient être présentes en poids égal. Elles se créaient et s’autodétruisaient sans cesse dans un bouillonnement effervescent.
Où est passée l’antimatière primordiale ? "Antimatière, où es-tu ?", entend-on s’écrier avec effroi. La réponse tient à une subtile et infime différence de comportement entre les deux faces de la même pièce. Les sœurs opposées ne seraient pas si jumelles. Plusieurs expériences ont indiqué que, dans certains cas, l’antimatière se démarque de sa double. Finie, la pâle copie. Le miroir se fêle. Et ces "violations de symétries" fascinent. Car elles sont un avant-goût de découvertes à venir. Certes a priori le big bang n’aurait pu produire les deux espèces qu’avec une grande équité. Mais ensuite, à mesure que le cosmos s’est étendu et refroidi, son contenu a réagi pour s’adapter. L’anomalie de la matière s’est manifestée. Sa consoeur a été engloutie. Elle a disparu. Et ceci n’a laissé que des quarks sans antiquarks. Des électrons sans antiélectrons. Notre corps, même, représente ce reliquat de l’immensité primordiale. L’essentiel s’est envolé. On estime que la dissonance, fausse note initiale, qui affectait la matière ne dépasse pas une partie pour un milliard. 0,000 000 001. C’est le mince surcroît de force dont elle a bénéficié pour… anéantir sa sœur.


Ainsi s’expliquerait cette hégémonie écrasante dans l’Univers. D’ailleurs, si l’antimatière avait survécu, elle nous annihilerait tous dans un flash. Et nous ne nous appesantirions pas sur le sujet. C’est Andreï Sakharov, père de la bombe à hydrogène soviétique, et Nobel de la paix, qui le premier a donné une interprétation cosmologique de cette drôle d’inclination, ou penchant, de la nature. Précisons que les expériences de distinction entre matière et antimatière n’ont mis en œuvre jusqu’ici que l’interaction nucléaire faible. Or l’ordre de grandeur du résultat est tout à fait insuffisant si l’on veut rendre compte du schisme réel. La vraie dissymétrie, dont nous sommes issus, remonterait en fait jusqu’à l’ère de grande unification des forces d’interaction (nucléaires forte, faible et électromagnétique). Autrement dit, des énergies beaucoup plus élevées et… hors d’atteinte.

Une entêtante énigme
Aux origines de notre existence

En 1966, Andreï Sakharov a pris en considération un tel univers unifié, régi par une seule force à côté de la gravité. Il en a déduit les trois conditions pour que la matière vienne à prédominer. D’abord, elle doit être très légèrement instable. Le phénomène est lent. Mais sur Terre, la valeur d’une miette de pain devrait s’être volatilisée depuis que notre planète existe. Des expériences souterraines, telles que le tunnel de Modane au Mont Fréjus, dans les Alpes françaises, ont longtemps traqué une désintégration spontanée du proton sur 1031 ans. Mais, il faut bien l’avouer : en vain. La seconde condition posée par Sakharov paraît une évidence : l’Univers, dans sa prime jeunesse, se trouvait loin de l’équilibre… Euphémisme, vu la violence de son expansion ! Enfin, la troisième condition n’est autre q’une subtile différence attendue à l’échelle microscopique entre matière et antimatière.

La confirmation est venue de James Cronin et Val Fitch, au laboratoire de Brookhaven, à New York, en 1964. La démarche, qui a mené au Nobel 1980, était d’étudier la désintégration d’un méson neutre K ou kaon (composé d’un quark « bas » et d’un antiquark «étrange») à durée de vie longue. Ceci met en jeu un phénomène exotique de mélange entre quarks et antiquarks. Le kaon « oscille » entre kaon et antikaon. En outre, il se désintègre de préférence en positron plutôt qu’en électron… Ceci implique deux brisures de symétries fondamentales : l’image dans un miroir, ou inversion droite-gauche, et l’échange de la particule avec son antiparticule. Ces opérations sont appelées parité (P) et conjugaison de charge (C). Il existe une troisième symétrie intéressante, l’inversion du temps (T). Or, les lois de la nature sont toujours invariantes quand on effectue la transformation combinée charge-parité-temps (CPT). Longtemps, on a même cru que l’Univers respectait chacune d’elle. Il n’en est rien. Cronin, Fitch et leur collègue français René Turlay ont montré que certains processus violent la symétrie charge-parité (CP).

Si bien que les contours du scénario de disparition de l’antimatière peuvent commencer à s’esquisser. À l’ère de grande unification, 10-35 seconde après le big bang, il règne une température de 1027 degrés et l’énergie ambiante avoisine 1016 milliards d’électronvolts. Les interactions nucléaires et électromagnétiques se confondent à côté de la gravité. À ce stade, les quarks sont indiscernables des positrons. Et les antiquarks des électrons. Les uns se transforment allègrement en les autres. De même que les neutrinos « fantômes » oscillent en trois «saveurs» distinctes. La dissymétrie matière-antimatière est alors invisible. Puis le temps fait son office. Dans cette chronologie, il apparaît des réactions irréversibles. Du coup, les positrons se transforment davantage en quarks que les électrons en antiquarks. Ainsi va la vie. Une dissymétrie inéluctable naît. Qui décide de l’avenir.

Selon les derniers progrès de la réflexion en cours : ce pourrait être les neutrinos eux-mêmes – anges de la matière insaisissables dotés d’une très faible masse – qui incarnent les vrais responsables du déséquilibre fatal à l’antimatière. Ces corpuscules, difficiles à atteindre, évoluent dans un monde qui interagit faiblement avec notre quotidien. Et ils seraient, en définitive, à l’origine de notre existence !.. Des expériences d’une sensibilité et d’une dimension inégalées sont proposées pour confirmer ce point. Des «usines à neutrinos» et un détecteur d’un million de tonnes (projet mégatonne) pourraient être mise en oeuvre dans les 20 prochaines années en France (mont Fréjus), au Japon ou aux États-Unis.

 

   L’antimatière est un double-miroir de la matière usuelle. Soit. Mais pourquoi a-t-elle disparu de notre horizon ? Et sommes-nous finalement si sûrs de ce constat ? Une question dérangeante: n’existerait-il pas, ailleurs, des "antimondes" peuplés d’antiétoiles et d’antiplanètes ? Le problème sera abordé - avec sérieux - en 2007* dans l’expérience AMS (Alpha Magnetic Spectrometer) sur la station spatiale internationale. Un détecteur de sept tonnes tentera de déceler des… antinoyaux forgés au cœur d’antiétoiles !..

"L’antimatière est-elle une curiosité de physiciens qui la font apparaître tous les jours sur Terre ? Ou bien au contraire, est-elle très répandue dans de larges régions de l’Univers ?". Telle est la question, un brin provocatrice, que pose Aurélien Barrau chercheur-enseignant au Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie de Grenoble. Il est membre de l’expérience AMS (Alpha Magnetic Spectrometer) qui sera embarquée en 2007 à bord de la station spatiale internationale. "De manière plus précise, les lois fondamentales de la nature semblent presque parfaitement équilibrées – on dit ‘symétriques’ - au niveau microscopique", reprend le spécialiste. "Les particules de matière, à de rares exceptions, se comportent de manière identique aux antiparticules. Dès lors, comment expliquer que l’Univers proche, observé avec les télescopes, apparaisse presque exclusivement constitué de matière ?". Bien sûr, ce fait est salutaire pour nous terriens. Il garantit que nous ne serons pas anéantis par une rencontre inopportune...! "Toutefois, il pose un problème de fond aux théoriciens pour expliquer cette asymétrie criante à grande échelle. Les observations éliminent de façon fiable l’existence d’antimatière primordiale dans l’amas local de galaxies où nous résidons. Le constat tient jusqu’à une distance d’environ 50 millions d’années-lumière."

 

Antinoyaux et antiétoiles

D’où la question : comment ce microcosme, respectueux de l’harmonie entre particules et antiparticules, a-t-il pu engendrer un tel macrocosme dominé par la matière ? Comment celle-ci a-t-elle pu prendre le dessus sur sa consoeur-ennemie ? Telle est l’entêtante énigme à la résolution de laquelle s’attèlent 200 chercheurs dont le prix Nobel de physique 1976 Samuel Ting. Un élément de réponse possible – et en général peu privilégié - serait que l’hégémonie écrasante de la matière n’est que pure illusion : nous habiterions une région particulière du cosmos, près du Soleil dans notre galaxie la Voie lactée. "On peut imaginer que l’Univers dans son ensemble se compose de domaines cloisonnés où règnent alternativement matière et antimatière", suggère Aurélien Barrau. "De fait, les galaxies les plus lointaines connues jusqu’ici, distantes de milliards d’années-lumière, ne nous communiquent leur pedigree qu’à travers leur rayonnement. Autrement dit, nous n’avons encore observé que leur lumière - rigoureusement indiscernable de l’antilumière qu’émettrait une antigalaxie. On ne peut exclure qu’il s’agisse d’antimondes éloignés qui abritent des antiétoiles et des antiplanètes. Sur certaines - pourquoi pas ? - des antiscientifiques s’anti-interrogeraient sur ce qu’ils anti-observent…"

 

Le modèle d’Univers qui prévaut ici s’appuie sur celui utilisé pour décrire le comportement des matériaux ferromagnétiques. Au refroidissement, une transition de phase – c’est-à-dire un changement d’état physique, comme lorsque l’eau liquide gèle et se transforme en glace – s’opère. Le matériau se subdivise en régions aimantées dans des sens opposés. Au total, la neutralité – donc l’équilibre entre matière et antimatière – se trouve conservé. "Par contre, la propagation des états choisis de manière aléatoire provoque des phénomènes complexes au niveau des parois entre domaines", prévient Aurélien Barrau. "Il faut s’attendre à des annihilations violentes aux frontières de la matière et de l’antimatière." Les mesures entre 1 et 100 millions d’électrons-volts d’énergie du télescope à rayons gamma Egret, à bord du satellite Compton, n’ont rien enregistré de tel.

 

Le plus gros détecteur de particules dans l’espace

Pour en avoir le cœur net, l’expérience AMS tentera de détecter des antinoyaux d’hélium ou de carbone hors de l’atmosphère terrestre. Là, l’interprétation deviendra incontestable. En effet, "l’identification d’un seul antinoyau de ce type et d’origine cosmique sera suffisante pour conclure à l’existence d’antimondes issus du big bang primordial. Des antinoyaux lourds ne peuvent provenir que des réactions nucléaires à l’œuvre au cœur d’antiétoiles."

 

Concrètement, le signal attendu – un flux d’antinoyaux qui nous parviendraient après avoir voyagé pendant des millions d’années dans l’espace – demeure extrêmement faible. L’expérience AMS a été dimensionnée en conséquence. D’un poids de sept tonnes pour une puissance électrique consommée de 2 000 watts, elle disposera d’une surface collectrice d’un mètre-carré et 300 000 canaux électroniques d’analyse. Ce sera de loin le "détecteur de particules le plus complet jamais emporté en orbite autour de la Terre". Arrimé aux flancs de la station spatiale internationale, ce cylindre de 3 mètres de diamètre sera contrôlé par les astronautes pendant trois ans jusqu’en 2011. On enregistrera les passages de particules énergétiques au rythme de 1000 coups par seconde (1 kilo-hertz). Là, un colossal aimant supra-conducteur refroidi à -271°C (2 K) par de l’hélium superfluide générera un champ magnétique d’une intensité d’un Tesla dans un volume d’un mètre-cube : de quoi distinguer avec certitude les noyaux des antinoyaux. Pour plus de sécurité, le spectromètre fonctionnera de plusieurs manières différentes et avec des éléments redondants. Ainsi la probabilité d’une fausse alerte à l’antimatière cosmologique sera réduite au minimum. Le coût de l’expérience est estimé à plusieurs centaines de millions de dollars. Le lancement dans l’espace sera assuré par la navette de la Nasa. La collaboration internationale associe 50 laboratoires liés à 17 pays.  

 

Matière noire, trous noirs et étoiles étranges

Du côté des retombées scientifiques secondaires : de l’aveu des experts impliqués, "elles s’avèreront au moins aussi importantes que la quête de l’antimatière elle-même". En effet, vu la controverse sur l’existence de cette dernière dans l’Univers, il est apparu opportun d’optimiser l’exploitation de la mission. Et d’en tirer tout le miel possible. "Notre projet se distingue par son extraordinaire potentiel de découverte en physique au sens large", indique Aurélien Barrau. Au-delà de l’antimatière, l’aimant supraconducteur traquera aussi les antiprotons et les antiélectrons produits par l’annihilation spontanée de particules et d’antiparticules… de "matière noire". Il s’agit des fameuses Mauviettes, particules massives interagissant faiblement, ou Wimps (Weakly Interactive Massive Particles), alias les neutralinos d’une masse d’environ 100 milliards d’électrons-volts prévus par les nouvelles théories d’unification et de supersymétrie. Bonus : elles fournissent un excellent candidat afin d’expliquer la matière noire dont la masse constitue 35 à 40 % du contenu de l’Univers. Problème : la nature de cette dernière reste inconnue. Dans d’autres registres, AMS contribuera à élucider l’origine des rayons cosmiques. Un mystère qui perdure depuis un siècle. Le détecteur analysera les rayons gamma de haute énergie. Et cerise sur le gâteau : il pourrait déceler les effets exotiques de l’évaporation de mini-trous noirs. Ou bien de très étranges… "étoiles à quarks".

matiere noire

*NOTES :

Le spectromètre magnétique Alpha (en anglais Alpha Magnetic Spectrometer) ou AMS-02 est une expérience de physique des particules installée à bord de la Station spatiale internationale depuis 2011. Il rassemble autour d'un aimant de grande puissance un ensemble de détecteurs qui doivent permettre de caractériser les particules et antiparticules des rayons cosmiques. En accumulant les observations sur la durée, cette expérience pourrait apporter des éléments de réponse à des questions fondamentales soulevées ces dernières années par la physique, telles que la nature de la matière noire et l'abondance de l'antimatière dans notre Univers. Le recueil des données est planifié sur toute la durée de vie de la station spatiale mais les premiers résultats publiés en avril 2013 semblent confirmer les théories les plus courantes relatives à l'existence de la matière noire.

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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 11:58

gene Tierney

 

 J'ai appris que Gene Tierney (étendue ci-dessus) fut surnommée la "folle d'Hollywood" à partir du moment où sa carrière déclina... Celle qui incarna l'inoubliable Laura d'Otto Preminger souffrait donc de troubles psychiques. Tout comme Rita Hayworth qui incarna Gilda avant de sombrer dans la maladie d'Alzheimer, tout comme Vivien Leigh qui incarna notamment Scarlett O'Hara et souffrait du syndrome bipolaire... Sans parler de l'extrême fragilité psychique de Marilyn...  Plus près de nous, il y a aussi Catherine Zeta Jones qui assume désormais publiquement d'être maniaco dépressive... La liste est sans doute bien plus longue. Le fait d'être un mythe ou un fantasme est-il totalement étranger à ces troubles de l'humeur et de la personnalité ? Certes, les anonymes ne sont pas un reste. Mais il semble que les métiers qui nécessitent de grandes exaltations, une conscience aiguisée des limites qui séparent la personne du personnage ou le réel de l'illusion, ont peut-être quelque chose de plus vertigineux qu'ailleurs...  

 

Mais puisqu'à ce jour (star ou pas star)  nous devons tous jouer avec notre image, la folie aura de quoi faire ...

 

 

 

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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 21:02

 Mon coeur appartient à papa... Je me suis longtemps demandée si le thème était cérébral ou culturel au moment de classer l'article dans une catégorie. Hé bien, disons que c'est cérébral.

marylin-monroe filletteAvant de retranscrire les paroles de cette chanson (chantée par Marilyn dans le Milliardaire), je vais tenter une petite analyse... Non pas de la chanson en elle-même, cela dit, mais de l'effet de cette chanson dans la bouche de cette actrice. Et là je ne parle pas réellement de l'actrice non plus, ni de son personnage, mais de la personne, en considèrant l'ensemble de son cheminement.
Thème psychanalytique par excellence s'il en est : l'abandon par le père, et la non reconnaissance. Je ne vais pas revenir trop longtemps sur la biographie de la star qui après être née sous une fausse identitée (car de père inconnu), retirée à une mère psychiquement fragile, placée en famille d'accueil (où il semblerait qu'elle ait subi quelques abus sexuels), et s'être mariée à seize ans pour fuir ladite famille, entreprit son "passage initiatique" vers le panthéon des étoiles. Les êtres qui deviennent des mythes synthétisent toujours des paradoxes. Honte et gloire, dans ce cas, mais pas seulement... Marilyn-Monroe-nn.jpgLe prénom qu'on lui attribua est très intéressant quand on parle de paradoxe. Marie + Lyn. Marie renvoie à la passivité d'un miroir, le "capax dei", la pure réceptivité, mais signifie littéralement : celle qui élève. Lyn signifie cascade/ avalanche ; la chute puissante dont le mouvement est descendant. Bref, toujours mes petites manies à raisonner par analogies.
On m'objectera que Marilyn n'était pas son vrai prénom. Certes, Norma Jeane n'était pas prédestinée de la sorte. Mais s'il y a bien quelque chose dans ce mythe qui évoque la femme totale, c'est qu'au départ, il s'agit précisément de la femme normale. NORMALE, en lettres majuscules, puisque telle est la prédestination : la norme. Norma signifiant "la règle". Oui oui, je vais loin, mais c'est ainsi. Je n'invente rien.


Autre chose intéressante, c'est le corps de la femme à travers les siècles. Je veux dire : les différents modèles de corps de femme. Au moyen âge, par exemple, c'est un corps fin avec une poitrine juvénile et un ventre de femme enceinte de cinq mois. Bizarre... Mettre le ventre en valeur était si important, qu'elles portaient toutes des petits coussins sous leurs robes. Regardez les tableaux de cette époque ! A d'autres moments, il faut des hanches, des crinolines, des faux culs. La femme de la grèce antique est athlètique. La française de la cour du roi soleil est bien grasse. Ici ou là, la femme doit avoir de longues jambes, un corps solide et endurant, des petits pieds enrubannés, un long cou, etc... Aujourd'hui, l'accessoire en vogue, c'est le sein regonflé. Difficile de trouver des soutiens gorge qui ne soient pas rembourrés quand on fait les boutiques. Tout ceci n'a rien d'anodin. Pourquoi le ventre au moyen âge ? Pourquoi le sein de nos jours ? Le ventre symbolise la gestation, l'être à venir. Les hanches sont un indice de fécondité : un potentiel de productivité. Les seins renvoient à l'allaitement, à la pulsion élémentaire/ alimentaire (comprenons : la consommation). La maigreur féminine renvoie à quelque chose d'asexué, d'androgyne, indifférencié, une dynamique affranchie, virtuelle... La maigreur et la grosse poitrine sont deux éléments fort en vogue actuellement. Quoique la forme athlètique revienne en force. Et dès lors, les modèles feminins nous informent des phases du monde, ou des représentations qu'on s'en fait à travers équilibre, excès, pathologie, etc...
marilyn-monroe-jeunetteNon non, je ne m'éloigne pas du sujet. J'en reviens à Marilyn. Femme plantureuse, dont l'époque produisait tout autant qu'elle consommait. L'équilibre dans l'abondance, en somme. Avant de s'appeler Marilyn, Norma fut plus fine. Il y a même des photos où elle se contorsionne comme une gymnaste. Mais après tout, elle suit une progression normale vers la pleine maturité d'un fruit explosif. Le sociologue Edgar Morin identifia Marylin Monroe à la fin du star system. Dernière star fabriquée. Star dont l'auto destruction éclata au grand jour, comme l'envers du décor. Figure qui demeure pourtant un mythe tenace. Femme totale, promise au vide qui lui fait face. Car il n'y a pas de "papa", au sens de ce qui fait sens. Ni avant, ni après, rien qui apporte cette re-connaissance. Et rien qui fasse office de "père" dans ce grand univers infantilisé à outrance, rempli de vaches à lait et de traite en série. La chansonnette est bien tragique sous cet angle... Mais ce n'est qu'un point de vue.

Bon, voici maintenant les paroles de MY HEART BELONGS TO DADDY, cet autre classique du jazz...   

                           

INTRO : My name is.. Lolita
And... I'm not supposed to.. play with boys !
Mon coeur est à Papa
You know... le propriétaire
                                                   pin-up

While tearing off a game of golf                                           
I may make a play for the caddy
But when I do I don't follow through
Cause my heart belongs to Daddy !

If I invite a boy some night
To dine on my fine food and haddie
I just adore his asking for more
But my heart belongs to Daddy !


Yes my heart belongs to Daddy                                                 
So I simply couldn't be bad !
My heart belongs to Daddy
Da da da da da da da da daaad
So I want to warn you laddie
Through I know that you're perfectly swell
That my heart belongs to Daddy
Cause my Daddy, he treats it so well


While tearing off a game of golf
I may make a play for the caddy
But when I do, I don't follow through
Cause my heart belongs to Daddy !


If I invite a boy some night
To cook up a fine enchilada
Though Spanish rice is all very nice
My heart belongs to Daddy (da da da)


Yes, my heart belongs to Daddy
So I simply couldn't be bad
Yes, my heart belongs to Daddy
Da da da da da da da da daaad

So I want to warn you laddie
Through I know that you're perfectly swell
That my heart belongs to Daddy
Cause Daddy, he treats it so well

 

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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 16:19


Jung ne donna jamais à la libido le même sens que Freud... Pour lui, la pulsion de vie ne pouvait pas se jouer dans le triangle papa/maman/moi, mais au point d'interaction entre deux aspects de cette même pulsion, dissociés par notre intellect, et néanmoins indissociables à la source...

Je ne suis pas claire, sans doute. Jung a explicité la chose par ailleurs. Mais j'ignorais qu'il eût un rêve, et que ce rêve manifesta l'intuition de ce qu'il nommerait par la suite anima et animus. Dans ce rêve, il se voyait lui même rencontrant un couple étrange. Un vieillard et une jeune fille... Le voici, tel qu'il le narra dans ses "mémoires" :

"J' écoutais avec attention ce qu'ils me disaient. Le vieil homme me dit qu'il était Elie et j'en ressentis un choc. La jeune fille me désarçonna presque davantage encore, car elle dit s'appeler Salomé. Elle était aveugle. Quel couple étrange : Salomé et Elie ! Pourtant Elie m'assura que Salomé et lui étaient liés de toute éternité et cela mit le comble à mon désarroi. Avec eux vivait un serpent noir qui manifestait pour moi une inclination évidente. Je m'en tins à Elie parce qu'il me semblait être le plus sensé des trois et disposer de bon sens. Vis à vis de Salomé j'étais méfiant. Elie et moi eûmes une longue conversation dont je ne pus saisir le sens ..."


Plus loin, Jung interprète ces figures comme l'incarnation de deux principes : le logos et l'eros. Certes, il y a de multiples figures correspondant à celle du sage et du prophète en dehors de celle d'Elie. Quant à la féminité, je me suis demandée pourquoi justement Salomé.
 A moi aussi donc, une telle association parut des plus curieuses. Etrange, surtout quand on sait que l'évangile présente Jean Baptiste comme la "réincarnation" d'Elie; ce même Jean Baptiste ayant eu la tête coupée sur l'ordre aveugle de Salomé... La chose a de quoi questionner. Vraiment, vraiment... Ou bien, est-ce évident ? Enfin, il ne s'agit là que d'un rêve, et il nous est loisible d'y voir ce que l'on veut.

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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 14:58

Il m'est arrivé de penser à elle plusieurs fois, ces derniers temps. Je la trouve triste et sombre. L'image de la roulotte m'est venue à l'esprit, un peu comme celle de la foire... Un spectacle itinérant... La petite Margarita dansait dès l'âge de quatre ans. Bien avant que son effigie ne soit peinte sur l'une des premières bombes atomiques, avant de devenir l'archétype de la star, avant d'épouser l'"enfant terrible" du cinéma, puis un prince oriental et quelques autres, avant de descendre aux enfers, avant de boire l'eau de mort à la fontaine de l'oubli, avant cela... Margarita dansait. Gravement et sans plaisir, puisque tel était le devoir que son père lui avait assigné : danser.
En somme, elle fut toujours belle et souple, idéale à modeler. Et dans un premier temps, son père s'employa à la vieillir afin d'en faire sa partenaire de numéro. Ce monsieur avait monté une école de danse latino, une troupe familiale, le "Dancing Cansino" et possédait une roulotte. Ainsi fardée et exposée, notre petite danseuse attira l'attention d'un producteur vaguement douteux. Une voie nouvelle s'ouvrit devant elle (pas très différente de celle qu'elle suivait déjà, en fait, mais sous rita.jpgune autre forme, alors...). Au long de ce chemin, elle fut à nouveau modelée. Cela arriva souvent, mais ce fut progressif. Des choses banales. On transforma son nom et sa chevelure, on lui arracha quelques dents pour creuser le visage. On lui dégagea le front en la dépouillant d'une bande de cheveux par electrolyse : ce fut son premier scalp.
Puis la rousse Rita Hayworth poursuivit son bonhomme de chemin jusqu'au firmament des stars, toujours
dans sa roulotte, quelque part... Sans doute fut-elle dévorée par une créature qu'elle incarna tout particulièrement : Gilda. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. "Les hommes, disait-elle, tombent amoureux de Gilda, et se réveillent avec moi"... Ce fut à cette époque que tomba Orson Welles, après avoir vu une photo de la star et fait le pari qu'il l'épouserait. Une fois la pari gagné et un enfant conçu,  les choses tournèrent mal. Juste avant le divorce, le couple tourna ensemble La dame de Shanghaï, seul film où Orson Welles eut l'occasion de diriger sa future ex femme. Certains crurent  percevoir un symbole vengeur dans la nouvelle coiffure que le Rita Hayworth Blonderéalisateur imposa à son épouse. Le geste fut filmé, et c'est avec horreur que le producteur Harry Cohn vit Orson Welles brandir des ciseaux et couper la crinière rougeoyante de Rita, après l'avoir décolorée. Ce fut son second scalp. Et puis elle poursuivit sa route. Elle fut princesse, un temps. Elle retourna à Hollywood. Elle dansa encore. Le succès ne fut plus souvent au rendez vous. Elle commença à boire... L'une de ses filles, la princesse Yasmina, déclara plus tard dans un documentaire que sa mère n'avait pas d'ego (n'ayant jamais pu construire sa propre estime d'elle-même). Ce fut un long déclin. Rita Hayworth sombra dans l'oubli, mais l'oubli de ceux qui n'ont jamais su qui ils étaient, et mourut de la maladie d'Alzheimer.
 Il me semble qu'aucune actrice ne fut autant promenée et montrée. Une sublime bête de foire, un bel objet d'art, une précieuse marchandise (accéssoirement, une bonne actrice)... Je ne sais pas trop quelle image retenir. Ou plutôt, je ne le sais que trop : à la fin du film La dame de shanghaï, l'héroïne agonise dans un labyrinthe de miroirs brisés. Une image sans images, où les images ont diparu.
  

 

miroirs-de-la-dame-de-shangai.jpg

 

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2 mars 2008 7 02 /03 /mars /2008 19:58
Autre lieu de croyance irrationnelle : la sphère économico financière.
S'agit-il de savoir, de croire ou de faire croire ? Le monde des spéculateurs et des économistes n'est pourtant pas dénué de finesse mathématique. Or justement, la finesse mathématique n'est fine que lorqu'elle opère sur des modèles conçus pour elle, par elle et selon elle.
John Maynard Keynes écrivait en 1936 : "
Une beaucoup trop grande part de travaux récents d'économie mathématique consiste en des élucubrations aussi imprécises que les hypothèses de base sur lesquelles ces travaux reposent, qui permettent à l'auteur de perdre de vue les complexités et les interdépendances du monde réel, en s'enfonçant dans un dédale de symboles prétentieux et inutiles".
La chose est toujours d'actualité. Je ne citerai même pas les affaires en cours :)
Keynes comparait les valeurs boursières à des candidates de concours de beauté. Douce allusion aux apparences... Pour gagner en Bourse, il ne faut pas investir sur l'entreprise la plus rentable, mais sur celle dont tout le monde pense qu'elle est la plus rentable. D'où l'inquiétante supérorité de mythe, quelles que soient les circonstances.
Je travaille activement sur ce sujet, et je sens depuis plusieurs mois des parallélismes étranges entre économie et religion. Tout repose, une fois de plus sur la foi (aveugle) dans un système obscur. La chose pourrait sans doute s'expliquer et se dénouer au niveau des "mécanismes du désir". C'est ainsi que l'homme fonctionne, alors après tout, spéculons.
Un autre labyrinthe, en somme.
Ou bien, c'est toujours le même...
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17 juin 2006 6 17 /06 /juin /2006 15:59

Le crâne de Fédor : voilà un lieu où se rencontrent et s'entrechoquent les deux dernières grandes idéologies du monde moderne. Pour cet article en particulier, j'aimerais assez me faire appeler Elisabeth Fédorovna, parce que F. Dostoïevski fut pour moi une sorte de père spirituel. Evidemment, dans un tel cas, le parricide est sous-jacent...  Mais avant d'en arriver là, jetons un oeil dans les tréfonds de son crâne.

Fédor, comme on le sait, fut condamné à mort pour ses activités révolutionnaires, et gracié in extrémis. Cette petite "aventure" le marquera pour le restant de sa vie. Dès lors surgiront dans sa littérature d'étranges personnages, presque caricaturaux (j'ai dit presque parce qu'ils semblent très conscients de la caricature qu'ils font d'eux mêmes), abreuvés de thèses politiques d'avant garde, déchirés par leur mysticisme, défenseurs d'un relent d'ordre moral, et finissant le plus souvent au goulag, soit fous, soit suicidés.

Les héros dostoïevskiens sont souvent des jeunes hommes aux figures christiques, mêlées d'idiotisme, de démence, voire de machiavélisme. Bref, un paradoxe.

Freud a écrit : "Dans la riche personnalité de Dostoïevski, on distingue quatre aspects : l'écrivain, le névrosé, le moraliste et le pêcheur." Mais il finira sa préface en soulignant surtout l'aspect névrotique : " L'angoisse envers le père est bien trop connue pour qu'il soit nécessaire de faire plus que la mentionner". Telle est la dernière phrase de sa préface des fréres Karamazov. Il écrira en outre dans sa correspondance privée : "Je n'aime pas réellement Dostoïevski. Cela vient de ce que ma patience envers les natures pathologiques s'épuise entièrement dans l'analyse".

Mais pour moi, plutôt qu'un cas clinique, Dostoïevski est avant tout le réceptacle d'une époque charnière, époque à laquelle les croyances sont mourantes mais non pas mortes, et où l'idéologie communiste s'ammorce tout juste. C'est le temps où se combattent à mort les derniers géants de l'aliénation humaine, avant l'avénement du nihilisme, puis du cynisme ambiant.

A présent, je ne dirais pas que rien n'a de valeur, mais que tout n'existe qu'à titre spéculatif, et donc relativiste. Qui voudrait encore mourir pour une idée ? Certes, il y a bien des fanatiques, mais le terreau dont ils jaillissent (même pour ceux qui accèdent aux jouissances matérielles) est fondé sur la négation de leurs propres valeurs*; il s'agit donc plutôt d'une attaque défensive, et non pas de la survenue d'une idéologie neuve.

Non... Vraiment, non... Il n'y a guère d'âme abyssale dans la carcasse contemporaine. Les profondeurs "dostoïevskiennes" n'ont qu'un très faible écho dans nos crânes (quoiqu'il y ait beaucoup de névrosés, mais ça n'a rien à voir).

Ce qu'il y a d'admirable chez Dostoïevski, c'est qu'il croit  à chacune des idées qui le possèdent, et qu'il croit également à la nécessité de n'y plus croire, tout en se forçant encore à croire  aux démons... dont il doute...

Ce que j'écris manque t'il de clarté ? En fait, sa dualité, c'est la volonté d'illusion contre celle du néant. Enfin, je crois...

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______________________________________________________________________________  
*Je ne sais plus du tout ce que j'ai voulu dire par là. En fait, de quel terreau jaillissent-ils? Et de quelles valeurs est il question??? Si j'arrive à m'en souvenir, il faudra préciser.

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1 juin 2006 4 01 /06 /juin /2006 18:42

Des conférences ouvertes au public ont régulièrement lieu au service universitaire de l'hôpital St Anne à Paris : vaste édifice dédié aux malades de l'esprit...

Pour parvenir au lieu-dit, il faut d'abord cheminer le long des multiples allées du jardin agrémenté de petites pentes, de coins et de recoins, par delà mille carrés de pelouse verdâtre... J'exagère, dira t'on... Bref, on y entre un peu comme dans un labyrinthe. Heureusement, on en sort facilement quand on s'y aventure en tant que simple visiteur.

La conférence en question avait pour titre : "Approche psychanalytique de l'activité délirante". Je vais donc restituer les précieuses connaissances que j'ai acquises malgré mon oeil de néophyte.

Quoiqu'il y ait des formes variées de délires et bon nombre de psychoses, notre conférencier s'attarda volontier sur le cas du schizophrène. Il en fit le coeur de sa problématique, et je dois dire que jamais cas clinique ne me fut présenté avec autant de mystère. Vraiment, il en dressa un portrait digne de la plus obscure énigme des temps...

La schizophrénie, nous dit-on, n'est pas une psychose comme les autres, car le malade n'a pas accés au souvenir de l'unité originelle (c'est à dire, l'époque où le bébé crée son premier rapport au monde en s'y projetant d'une manière quelque peu narcissique). Les psychoses ordinaires amorcent généralement leur délire dans ledit narcissisme afin de se recréer un monde intérieur à partir de l'ego. Mais pas le schizophrène. Non, car le schizophrène (par un étrange oubli, un vide ou je ne sais quelle ellipse) n'a même pas d'ego. Disons plutôt que son ego a volé en éclats, de sorte qu'aucune limite claire n'existe entre lui et les autres; entre l'intérieur et l'extérieur.

Le conférencier nous rapporta ces paroles d'un patient : "Je n'ai jamais d'intimité".

Le monde entier devient pour lui un bruitage incessant, une sorte d'ennemi omniprésent qui agit jusque dans ses pensées. Or comment en est-il arrivé là ?

Notre conférencier explique que la raison se trouve dans la qualité du premier rapport au monde du nouveau né. Ce n'est pas que le rapport se serait mal passé; il ne s'agit pas là de savoir si le rapport se fit dans l'amour, la haine, la violence ou l'ambiguité.... Non, il s'agit de constater que le rapport n'a pas eu lieu.

On peut imaginer que le petit individu fut simplement traité comme un objet parmi d'autres, de la sorte la plus neutre qui soit. Ou bien, qu'il ne fut pas traité du tout. A la source de cette affaire, il y a la négation de soi même en tant que personne à part entière. Enfin, cela reste une énigme, car après tout, il y a aussi des individus ignorés ou mésestimés qui n'en deviennent pas moins de grands mégalomanes à l'égo totalitaire.

J'aurais beaucoup aimé qu'un ami (très cher) m'accompagne à cette conférence, car tout au long de ce portrait, j'avais l'impression que le psychiatre parlait de lui. Certes, le jeune homme en question n'est qu'un malade léger, mais il ressemble quand même beaucoup à cet Homme Elliptique. Vraiment, j'ignore s'il faut se laisser charmer par tant de mystère ou partir en courant.

 

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