Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bienvenue ici même

Je ne parle que par images... Il faut chercher le fil d'Ariane. Humm oui, le retrouver, ce n'est pas gagné. Mais enfin, bonne route ! S'il en est ... 

     

Recherche Par Mot Clef

Codes et Décodages

Archives

Autres pistes

IMAGES ALEATOIRES. LES THEMATIQUES DU LABYRINTHE...

Visages mythiques et têtes de morts... Passage initiatique... Femmes fatales et vilains messieurs... Textes sacrés et chants profanes...

Lègendes vivantes et moribondes... Icones passées, présentes, à venir... Mirages... Eden céleste et stars terrestres... Mythes et codes...

Cycles de vie et de mort... Schizophrènes et déesses reptiliennes... Soleils noirs... Envers des décors... Déluges... Irruptions... Feux, fièvres et sang... Jardins de Chine... Faunes humaines... Mondes engloutis... Energies fossiles et âmes fossilisées... Oeuvres divines et mortelles...




Pages

19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 19:25

C'est trop gros, c'est absurde, et néanmoins on se demande quelle obscure intuition est à la base de tout ceci... Je parle de l'univers de Nicolas Gogol. Et plus particulièrement de l'une de ses nouvelles : "Le Nez", parue pour le première fois dans une revue littéraire en 1836.

Adolescente, je me souviens d'être restée stupéfaite par ce genre d'humour, riant toute seule dans ma chambre d'un rire inquiétant...

Je ne parlerai pas ici des "Ames mortes", sa grande oeuvre inachevée, ni vraiment des autres nouvelles de Petersbourg. Je parlerai surtout du Nez, parceque c'est sans doute la plus outrancière de ses historiettes, la plus énigmatique (quoique, la plus évidente, dès lors qu'on en découvre le code).

le nez, de gogol

C'est l'histoire d'un fonctionnaire russe qui se réveille sans son nez, tandis que son barbier découvre le membre en question dans un pain chaud, à l'heure du petit déjeuner. Après que le barbier ait tenté de se débarasser de ce nez impensable dans la Néva, notre petit fonctionnaire mutilé croise et reconnait aussitôt son membre intempestif à l'échelle humaine, arborant la plus digne posture, vêtu d'un bel uniforme orné de dorures. Le Nez feint l'indifférence aux yeux du reste de son corps et lui file sous le (...) en quête d'une existence indépendante.

 

Arrêtons-nous un instant sur ces mots, et divaguons... Oui, divaguons sur ce nez dont la fonction initiale nous ramène au flair, à la prédation et l'instinct de conquête, et qui symbolise assez explicitement l'ambition du petit fonctionnaire qui se retrouve honteusement privé de la partie de son corps la plus évocatrice... Ou bien... Hum... Certes, certes, on eût pu lui substituer un autre organe, mais c'eût été vraiment trop grossier.

Bref, cette partie qui s'échappe et jette son "propriétaire" dans le plus grand trouble (sans parler du ridicule), finit quand même par reprendre sa place, on ne sait comment, sur le visage du fonctionnaire, qui retourne alors fièrement chez le barbier pour s'y faire pomponner. Fin de l'histoire. Mais quelque chose est dit. Voilà donc le soupçon lancé quant à l'hypothétique subdivision d'un corps, et le règne momentané d'un organe insolent, soudain trop grand pour être contenu dans cet être mesquin.

Qu'on lise cette petite histoire à la lumière de la grande (Histoire) car il nous est désormais impossible de croiser autre chose que des nez, des prunelles, des canines, des pénis, des mamelles, des nombrils et des fessiers, dans notre société où rien ne tient longtemps lié. Mais j'arrête ici mes élucubrations sur ce thème.

 

D'autres nouvelles, il est vrai, me laissent sans voix et sans explication. Que penser du "Journal d'un fou" par exemple ? Je me souviens de cette étrange mise en abyme, où le fou en question relate dans son journal le vol d'un autre journal intime (commis par lui) dont il note les grandes lignes dans son propre journal. Le larcin vise la prose d'une petite chienne de compagnie -- journal dont il remarque avec dégoût le sytle canin... La petite chienne est celle de la fille de son employeur. Là encore, on notera explicitement l'ambition du personnage qui finit interné, persuadé d'avoir été sacré roi ou empereur. Passons.

 

Je note aussi que cet humour se retrouve à plus ou moins hautes doses dans la profondeur des grands romans russes.  Est-ce dû à l'atmosphère particulière de cette contrée où se croisent tant de peuples ? Je l'ignore... Il y a une scène intéressante dans "Les possédés" de Dostoïevski, où le jeune Nicolas Stravoguine saisit soudain par le nez un digne notable au sein d'une noble société, et lui fait faire plusieurs tours de salle sous les yeux horrifiés de la foule, le traînant pensivement de la sorte après lui. (Le vieil et digne notable avait eu le malheur de dire au cours d'une discussion : "je ne suis pas de ceux qu'on mène par le bout du nez")... Mais c'est là autre chose, peut-être, que cet imaginaire gogolien... Quoique... Même dans la tragique "Anna Karénine" de Tolstoï, on se retrouve soudain assailli par une perception d'un autre genre, pas tout à fait comique, et pourtant infinement décalée. Ici, je pense à la scène où Tolstoï donne tout naturellement la parole à la chienne de Lévine : Laska, qui nous éclaire alors de ses impressions sur une partie de chasse aux bécasses, sans pour autant que ce bref monologue intérieur fasse basculer le roman dans l'absurde.

Je finis cet article sur un constat d'enrichissement de la langue par cet adjectif  (gogol ou gogilien) qualificatif de folie (mais n'est-ce point de la lucidité ?) en supposant que chaque individualité est susceptible de laisser sa marque telle qu'elle est apparue dans l'agencement de nos codes communicationnels.

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
<br /> <br /> c'est bizarre, le second avait marché pourtant... <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> PS : si t'avais des lecteurs à ton niveau (ou des articles au niveau de ceux que tu as), tu aurais peut-être plus de commentaires...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Bah, c'est quoi mon niveau ??? Il y a de tout comme articles dans ce labyrinthe (ce me semble)...<br /> <br /> <br /> C'est pour ça que tu m'a laissé deux commentaires sans texte sous mon dernier article ? (mais qu'il s'agisse d'une pirouette elliptique ou d'un problème technique, j'ai du résoudre cette énigme<br /> en l'envoyant à la corbeille)<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> l'acteur n'est pas un statut, il n'a rien d'authentique ou d'inauthentique.<br /> <br /> <br /> ils ont pris note que les infos passaient aussi par des réseaux non-officiels, ils mettent la main dessus et obtiennent tous les avantages : comm dans leur sens, extension de leur réseau de comm,<br /> pas de rémunération - dans un but qui pourrait être (pour la stratégie plus pour ce cas précis) de contrôler le maximum de sources et relais d'infos. les bloggeurs ont dans certains domaines déjà<br /> un rôle important (dans la mode surtout).<br /> <br /> <br /> ils rentabilisent des structures existantes. et je dis "non-officiel" parce que des sites "officieux" ont un rôle généralement critique.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Certes, c'est en cela que la stratégie commerciale est ingénieuse...<br /> <br /> <br /> Quoique très discutable sur le plan éthique, mais passons là dessus, car nous enfoncerions des portes ouvertes.<br /> <br /> <br />  Et comme le soulignait Lizagrèce, l'initiative d'overblog n'a pas eu le succès escompté si on en croit le petit nombre de bloggeurs prêts à se prendre au jeu, et l'unique blog déniché,<br /> correspondant à un réseau de fans déjà constitué.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> ça craint ces histoires. l'annonce est parue où ?<br /> <br /> <br /> les journalistes aussi veulent faire un peu comme ça : le web participatif permettant aux gens d'écrire les articles à leur place. les politiques ont cette idée là également - enfin surtout quand<br /> ils n'ont pas d'idées... mélange de mode (le public est de plus en plus au centre des propositions culturelles, notamment) et de populisme, dans ces deux cas.<br /> <br /> <br /> là on dirait que bientôt même les techniciens ne seront plus payés : il suffit de proposer à des gens de participer à la starisation de la star !<br /> <br /> <br /> il faudrait négocier un pourcentage, pour dire : ok mon taf dépend de ton statut de star, et j'y participe ; toi tu gagnes du prestige, moi aussi parce que comme ça je pourrais dire à mes amis<br /> que je bosse pour la star (sinon pourquoi postuler n'est-ce pas), mais ça se traduit par des rentrées d'argent qui peuvent être fluctuantes, donc file moi x%<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> L'annonce est parue sur overblog, bien visible dans les infos qui défilent à l'accueil.<br /> <br /> <br /> D'ailleurs les candidatures sont closes (une petite cinquantaine). Ils ont trouvé la rédactrice idéale, la seule dont le blog correspondait à la recherche, je crois; la parfaite<br /> synthèse du fan club et de l'organe de com officiel. Le but étant évidemment de cibler des personnages produisant déjà de l'info autour de la "star" en question pour le plaisir, et de les<br /> propulser au niveau professionnel, sans pour autant s'embarasser d'un statut contractuel. A moins qu'il ne s'agisse de précipiter l'image du webmaster professionnel au rang du blogger amateur et<br /> de l'acteur-réseau authentique...<br /> <br /> <br /> La stratégie commerciale est ingénieuse (rien à dire).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> PS : Sache, cher ami, que rien ne t'oblige à commenter mes commentaires, mais qu'il existe dans ce labyrinthe de laborieux articles qui sont faits pour ça... Oui oui, pour ma peine, ils laissent<br /> mes indéfinissables visiteurs muets d'effroi. ¨¨^^<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Ce qui est rassurant néanmoins c'est qu'il n'y a pas des "milliers de candidatures" a vouloir cirer les chaussures de Monsieur Dubosc .<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre