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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 12:07


Les possédés de Fédor Dostoïevski. 1872.

 

SYNOPSIS : Dans une province russe, un petit cercle de littérateurs se forme autour de Varvara Stravoguine,  une veuve fortunée et extravagante, férue d’idées « nouvelles ». Un intellectuel sur le déclin, Stépan Verkhovenski, grotesque et romantique à tendance mythomane, se charge de l’éducation de son fils unique : Nicolas Stravoguine, tout en animant les soirées de ce salon insignifiant… Insignifiant, jusqu’au jour où une société plus inquiétante s’y insinue…

 Le retour des « enfants » Stravoguine et Verkhovenski après leur premiers pas dans le monde, marque le début des turbulences dans cette bonne ville de province.

 Nicolas Stravoguine, d’une beauté glaciale, envoutante et charismatique, apparaît bientôt dans un parfum de scandales et de blasphèmes en tout genre. Dans son ombre, officie le jeune Piotr Verkhovenski, chef d’un petit groupe nihiliste et révolutionnaire, à la limite du terrorisme. Leur mot d’ordre semble être : Agir pour l’ébranlement systématique de tous les fondements, la décomposition systématique de la société et de tous les principes. Leur organisation demeure secrète et les apparences sont sauvées par des masques courtois, mais autour d’eux s’agite toute une galerie de personnages comiques et terrifiants, emportés par leur passion, leur rancœur et leur fanatisme, jusqu’au moment des règlements de compte…


 

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LA
CRITIQUE : On a souvent dit que ce livre était difficile d’accès. Il est vrai que l’intrigue ne se met pas tout de suite en place. Mais c’est que Dostoïevski accorde une importance particulière aux parents des futurs « possédés ». L’étrange amitié qui lie la veuve Stravoguine au pseudo littérateur Stépan Verkhovenski n’a rien d’anodin dans le livre… En effet, ils portent en germe les idées de leurs enfants et les leur inoculent en toute innocence.

Si les parents rêvent déjà de socialisme, d’égalité et de liberté, ils ne font qu’en rêver dans le confort de leurs petits salons, confinés dans le périmètre sécurisant de leur luxueuse propriété, sans voir le poison distillé par leur hypocrisie. Mais la génération nouvelle ne se contentera pas de bavarder à l’abri des salons littéraires ; elle passera à l’acte, descendra dans les bouges populaciers et ébranlera jusqu’aux fondements de la société, n’ayant pas d’autre choix que la destruction pour se frayer un passage.

 Nicolas Stravoguine endosse  le rôle du grand blasphémateur. Son visage parfaitement beau n’exprime rien. Il bafoue invariablement les femmes de la haute société, insulte les notables, humilie sa propre fiancée, épouse légitimement une mendiante boiteuse à demi folle (qui périra étrangement, une fois devenue gênante), engrosse la femme d’un camarade, enflamme les cœurs, les dégoutent, et s’anéantit lui-même. Sa mère le compare à Hamlet et dit se reconnaître en lui… Dans un chapitre longtemps censuré (la confession de Stravoguine), nous apprenons qu'il poussera le vice jusqu'au viol d'une fillette. Pour le coup, notre héros demeurera hanté... En fait, Stravoguine est impuissant à choisir résolument une cause, malgré tous les espoirs que son aura suscite. Il s’embourbe dans ses contradictions avant de tout rejeter dans le néant et de se laisser balloter au gré des ses instincts, plus souvent vils que sublimes. Il est même excédé que tant de gens s’attendent à quelque chose de divin de sa part, lui qui ne croit en rien.

 Quant à Piotr Verkhovenski, il est parfaitement lucide sur sa propre médiocrité, parfaitement méprisant envers celle de son père, et totalement résolu à s’en servir comme d’une arme pour endormir la méfiance de son entourage et manœuvrer les gens à leur insu.

  Le personnage de Chatov (l’époux de la femme engrossée par Nicolas) est un repenti de ce petit groupe révolutionnaire qui paiera chèrement son départ de l’organisation. Sensé incarner les idées de Dostoïevski sur l’âme russe et l’orthodoxie, ce personnage ne parvient pas à prendre de l’ampleur, et sa voix se laisse étouffer dans la multitude foisonnante du roman.

 Certes, Il est difficile d’entrer dans le livre et de s’identifier à un personnage. Le lecteur est préservé de la folie, mais condamné à rester spectateur de la vague qui emporte chacun des protagonistes vers l’enfer…

 

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