Evoquons aujourd’hui l’histoire de cette femme philosophe qui vécut au IVème siècle de notre ère, au temps où les conflits entre païens et chrétiens s’inversèrent… A cette époque, c’est donc la culture antique qui se vit persécutée, interdite ou renversée, tandis que le christianisme endossait pleinement son rôle de religion d’état, quitte à s’éloigner quelque peu du message originel…
Hypatie d’Alexandrie est entrée dans la légende pour son intelligence hors du commun,sa beauté, sa virginité, son rôle particulier à la tête de l’école platonicienne dans ces temps troublés et, par-dessus tout : pour sa mort dramatique, puisqu’elle fut lapidée, dénudée et mise en pièces dans une église par un groupe de chrétiens fanatiques… Le complot, semble-t’il, fut imaginé par des moines cénobites, désireux de purifier le monde de ce reste d’influence héritée de l’ancienne culture.
Aucun texte ne nous reste de la mathématicienne et philosophe Hypatie ; ouvrages disparus avec tant d’autres dans l’incendie de la grande bibliothèque. Bien qu’on ne sache pas exactement à quelle époque la bibliothèque d’Alexandrie prit feu, il est probable que cette destruction corresponde aux conflits évoqués plus haut, sous le règne de l’empereur Théodose.
Dernièrement, cette histoire a inspiré le réalisateur Alejandro Amenabar, laquelle est déjà un succès en Espagne. Un succès polémique, évidemment, puisque l’Espagne est un pays très catholique, et que le visage arboré par le christianisme dans le film n’est pas très beau à voir. Agora sortira en France le 06 Janvier 2010…
Il semblerait que le réalisateur oppose la sagesse à la foi dans son film.
D’un côté : le doute, la recherche, l’étude et l’observation. De l’autre : le fanatisme, la certitude aveugle et la passion dévastatrice. J’ignore si le film est aussi manichéen que le laisse entendre sa bande annonce. Quoi qu’il en soit (pour ceux qui connaissent un peu la théologie), il n’existe pas réellement d’opposition entre foi et sagesse. En effet, les écritures reconnaissent trois chemins pour atteindre la « vérité » :
- par la nature
- par la connaissance
- par la foi
Evidemment, dans les faits, il faut bien reconnaître que ces trois voies ne font pas toujours bon ménage et que ceux qui y cheminent jettent bien souvent les uns sur les autres un regard horrifié. Celui qui fait les choses naturellement, sans les avoir apprises, guidé par un instinct fondamentalement droit, est souvent regardé de travers par celui qui cherche à tout expliquer par des raisonnements et des théorèmes, tandis que celui qu’une vocation mystérieuse anime, se fonde parfois sur un charisme fatalement exclusif, lequel annihile tout esprit critique…
Et pourtant non ! ce sont là des déviances, car il n’y a pas d’opposition entre ces trois chemins. Les gens qui sont parvenus à la fin de leur parcours ne chipotent pas sur l’itinéraire qu’ils ont emprunté. L’opposition n’existe que pour les gardiens de ces voies respectives – de ceux qui font payer le prix du passage et qui interdisent toute autre route…